« Chaque vers est enfant de l’amour » écrivait Marina Tsvétaïéva. Mais si l’exacerbation amoureuse, l’énergétique passionnelle est effectivement une des caractéristiques de son œuvre, ce qui frappe avant tout, au-delà de la liste infinie des « muses » masculines ou féminines, c’est qu’elle n’est que très peu assimilable à la poésie amoureuse, classique ou moderne.
« Votre objet est souvent si petit qu’on pourrait le juger naïf et muet. Mais vous lui découpez une bouche et il dit de grandes choses. Votre âme est pareille à un aveugle-né qu’un voyant aurait éduqué. » (Lettre de Rainer Maria Rilke à Regina Ullmann, août 1909)
« Nul doute que l'avenir finira par donner raison à Peter Urban et Oleg Youriev, en plaçant Blocus parmi les livres les plus déroutants, les plus poignants de la poésie russe du vingtième siècle. »
Le décor est Paris dans les années 30, lieu d'exil de nombreux Russes déracinés par la Révolution d'Octobre, mais aussi un réservoir de toutes sortes de courants intellectuels et artistiques. Poplawski, compose une sorte de symphonie de grande ville, un panoptique dans lequel se déroule une série de rencontres fortuites, une rhapsodie de bruits, d'odeurs et de discours, а travers lesquels les personnages se laissent emporter, parfois trébuchant, parfois dansant.
Avant même de pénétrer dans les Nouvelles amoureuses et exemplaires, le lecteur de María de Zayas (1590-1661) sait ce qu’il est en droit d’y trouver : des histoires d’amour et de trahison, des personnages nobles, des dames vertueuses, des gentilshommes courageux, des maris jaloux, des amants transis, des sérénades, des billets-doux, des domestiques fidèles ou vénaux, des décors somptueux, des villes illustres.
« Ce qui a été retrouvé n’est pas le compte rendu de l’horreur – bien qu’il y en ait –, mais le corps incandescent de sa poésie, intact… Gertrud Kolmar est une mythologiste.» (Cynthia Ozick)
Aphorismes précis et fulgurants, pensées profondes et acérées, réflexions qui éclairent l'obscurité, considérations qui accueillent l'harmonie du monde dans l'apparent chaos qui nous entoure. C'est le Journal posthume de Georg Simmel, livre "mélancolique", génialement, optimiste et pessimiste en même temps.
« Quelle sera la condition de la société et de la politique dans soixante-dix ans ? Est-ce que nous saurons garder la primauté de la Constitution, l’égalité de tous les citoyens devant la loi et l’incorruptibilité de la justice ; ou est-ce que nous aurons un gouvernement de l’argent et des malhonnêtes ?… Parce que notre République et sa presse avanceront ou ils chuteront ensemble.»
« Alors, c’est que tout est mensonge, et moi, je veux qu’on vive dans la vérité ! Et justement, j’ai les moyens de les faire vivre dans la vérité. (...) Ils sont privés de la connaissance et ce qui leur manque c’est un professeur qui sache ce dont il parle ». La taupe accomplit ainsi l’impératif que formule heureusement Marx : celui d’une critique qui dépouille « les chaînes des fleurs imaginaires qui les recouvraient, non pour que l’homme porte des chaînes sans fantaisie, désespérantes, mais pour qu’il rejette les chaînes et cueille les fleurs vivantes ».
« Tu te souviens, j’ai dit un jour que ce que je faisais, ce serait un platonisme inversé. À présent j’ai constaté ceci : c’est toi qui l’as fait; tu as fait descendre les Idées du ciel et tu les a replantées dans la terre, dans l’âme des hommes, dans le pinceau du peintre et le ciseau du sculpteur. À présent nous pouvons nous remettre à construire le palais des Idées, qui s’était effondré, parce qu’il était construit sur des mots.», Lettre de Georges Lukács à Léo Popper.
Sur la toile de fond d’une histoire familiale, touchée par la fatalité du suicide, c’est tout un contexte social et réaliste d’une époque qui se dessine, qui présente un tableau « étrange », bousculant la lignée de la construction romanesque. Les protagonistes, Jakub et Teodora Szpotawy, héritent de cette impatience, du désir d’anticiper l’issue de l’existence.
« C’est à peine si nous sommes les collaborateurs de notre amour , et c’est par cela même qu’il restera au-dessus des dangers banaux. Tâchons de connaître ses lois, ses saisons, son rythme et la marche des constellations à travers son vaste ciel étoilé. » ( Rilke à Merline, le 28 septembre 1920). Rainer Maria Rilke dessine à travers sa poésie amoureuse une géographie universelle de l’amour, des premiers regards échangés à la douleur de l’absence.
Ainsi que Nabokov l’avait prédit et qu’il le suggérait d’ailleurs lui-même dans une de ses dernières poésies qui paie un tribut laconique à l’exegi monumentum, Vladislav Khodassévitch apparaît aujourd’hui, aux yeux de maints poètes, critiques et lecteurs, comme un « solide maillon », incontournable dans la chaîne poétique russe.
Melville, William Godwin, Mary Shelley, Defoe. Quatre histoires de chasse obsessive et de passion réversible. Dans ces quatre récits la poursuite et la fuite sont également intenses, également excessives, et si intimes au fond que les directions et les rôles s’inversent au cours même du conflit…